PERSONNAGES CELEBRES


PERSONNAGES CELEBRES :
De nombreux personnages célèbres ont marqué la vie de Kyôto. Beaucoup d'entre eux étaient de puissants guerriers dont la vie est présentée sur le site "Samouraïs". D'autres se sont illustrés dans la politique, les arts ou la religion. Tous ont façonné d'une façon ou d'une autre la richesse du Japon ancien, en y laissant leur empreinte.

La période Heian ( 794-1185 ) est riche de personnages dont la culture et le raffinement ont permis l'éclosion d'une véritable culture Japonaise après des siècles d'influence Chinoise. Si la période de Kamakura a plus mis en avant les Bushis et les généraux, sous la période Muromachi, Kyôto va de nouveau retrouver son éclat et son raffinement.

Avec l'unification du Japon ( Momoyama ) et la paix retrouvée ( Edo ), la capitale Impériale va consacrer son rôle de coeur spirituel du Japon et de source d'idées et d'arts. Même si la richesse de la cour de Heian ne sera jamais retrouvée, les célébrités de ces périodes vont permettre à Kyôto de rester la plus raffinée des villes du Japon durant des siècles. Nous vous invitons à rencontrer à présent ces personnages hors du commun.


LE PRINCE GENJI ( FUJIWARA NO MICHINAGA : 966-1028 ) :
Le Prince Genji a-t-il réellement existé? Le héros principal du plus connu des romans Japonais( "
Genji Monogatari"), serait inspiré du personnage historique de Fujiwara no Michinaga. Ce dernier vécut de 966 à 1028, et eut une vie bien différente de son personnage de roman.

Dans le Genji Monogatari, le Prince Genji est un fils non reconnu de l'Empereur, et dont la beauté et le charme font succomber toutes les dames de la Cour Impériale. Les rencontres nocturnes, les poèmes d'amour, la tragédie des passions sans lendemains sont au centre du roman. L'histoire de ces amours et de la quête du bonheur du jeune Prince sont célèbres dans toute la culture Japonaise.

Le personnage réel est bien loin de cette vision romanesque. Homme d'état habile, il fait épouser ses trois filles ( Akiko, Kenshi et Ishi ) à trois Empereurs successifs. De ce fait il contrôle toute la cour comme régent ( Kampaku ) de l'Empereur. Il n'hésite d'ailleurs pas à s'allier avec la branche Seiwa Genji du puissant clan Minamoto pour consolider son pouvoir. Quand sa santé décline, il se retire comme bonze bouddhiste au temple Hôjô-Ji, tout en continuant à diriger la politique de ses fils, eux aussi nommés régents. Il meurt en 1028, ayant dirigé le Japon et assuré la continuité du pouvoir de la famille Fujiwara.


MURASAKI SHIKIBU : ( 978-1014 )
Femme écrivain la plus célèbre du Japon. Née vers 978 à Kyôto où elle mourut en 1014. Dame de cour de l'Imperatrice Fujiwara no Akiko, elle a été mariée en 999 à Fujiwara no Nobutaka dont elle eu 2 enfants. A la mort soudaine de son mari en 1001, elle se retira de la vie publique pour se consacrer uniquement à l'étude des textes littéraires.

C'est visiblement à cette période qu'elle décida d'écrire en hiragana ( et non en kanjis, écriture réservée aux hommes ) son Genji Monogatari en 54 chapitres que sa fille termina après sa mort, vers 1020. Ces 54 chapitres sont tous numérotés avec des caractères particuliers et originaux, nommés Genji-Mon.

41 chapitres sont consacrés à la vie amoureuse du Prince Genji et 13 autres à celle de son fils Kaoru. l'analyse psychologique des personnages ( une soixantaine ) et une description minutieuse de la vie de la Cour Impériale sont un témoignage de première qualité sur la période Heian.

Murasaki Shikibu est également l'auteur d'un journal personnel ( genre très célèbre à l'époque ) " Murasaki Shikibu Nikki ". L'ensemble de son oeuvre, peu reconnue à son époque, a été redécouverte vers les années 1870 et traduit dans de nombreuses langues.


NICHIREN : ( 1222-1282 )
Prêtre Bouddhiste tout à fait exceptionnel et original qui vécu sa vie dans des combats sans fin avec les autres sectes Bouddhistes. Né en 1222 dans une famille de pêcheur, il entre à 12 ans dans un temple de la secte Jôdo. A 31 ans après avoir accompli de nombreuses pèlerinages, il s décide de s'opposer à cette secte en prêchant sa propre doctrine, basée sur le Sûtra du Lotus ( Hokke-Kyô ).

Ce qui n'aurait pu être que la naissance d'une nouvelle secte Bouddhiste, au milieu des autres, va prendre un caractère tout à fait inattendu. Nichiren, pour la première fois dans l'histoire du Bouddhisme Japonais, va prôner l'hérésie des autres enseignements bouddhistes. Dans une religion basée sur la tolérance et la compassion, Nichiren détonne totalement et va s'attirer la foudre, non seulement des autres prêtres, mais également du Shogun Hôjo Tokiyori. Condamné à mort en 1271, il échappe de justesse à l'exécution.

Nichiren ne s'arrête pas là pour autant. En 1272, il écrit un ouvrage ( Kaimoku-Shô ) où il prône le combat envers les autres sectes du Japon, et la conversion des fidèles à sa doctrine, même par la force ! Enfin, il proclame que seule sa doctrine pourra sauver le pays des invasions mongoles. Atteint par la maladie, il meurt à Igekami ( près de Tokyo ) en 1282. La puissante secte Sôka Gakkai se réclame aujourd'hui de son enseignement.


SEN NO RIKYU : ( 1522-1591 )
Destin hors du commun que ce Maître de Thé, devenu l'un des personnages les plus influents du Japon. Né en 1522 dans une simple famille de marchands de poissons, il étudia le Bouddhisme Zen , religion de la caste des samouraïs au pouvoir. Dans le même temps, il devint un parfait Maître de l'Art du Thé ( Sâdo ) après avoir étudié cet art avec les plus grands maîtres de son époque.

Maître de Thé principal du grand temple du de Kyôto Daitoku-ji , Sen no Rikyû développa une nouvelle Voie du Thé en y incorporant les concepts de "Wabi" et "Sabi" permettant ainsi de révéler la véritable beauté d'objets apparament communs. En élargissant aux accessoires, jardins et chambre de thé ce principe, il créa ainsi un véritable espace de spiritualité qui transcendait la cérémonie elle-même.

Fort de cette renommée, Sen no Rikyu devient le Maître de Thé préféré de Nobunaga Oda et Toyotomi Hideyoshi, les deux grands unificateurs du Japon. Il acquit rapidement richesse et pouvoir auprès de Hideyoshi, dont il devint le favori. Cette ascension rapide lui valut de nombreuses jalousies. Mais c'est Hideyoshi lui-même qui lui provoquera sa perte. L'attitude de plus en plus arrogante du Maître de Thé déplut de plus en plus au maître du Japon, lui même ayant peu de culture. Ayant dressé à l'entrée du temple Daitoku-ji une statue en bois le représentant, Sen no Rikyu provoqua finalement la jalousie féroce de Hideyoshi. Celui-ci lui ordonna de faire "Seppuku", le 21 Avril 1591. La vie de cet homme exceptionnel a été retracé dans un film de Kei Kumai ( 1989).


KÛKAI : ( 774-835 )
Figure mythique de la religion et de l'art Japonais et fondateur de la secte Shingon ( "Vraie Parole" ). Né en 774 dans l'île de Shikoku, il dénonce dés l'âge de 24 ans le Taoïsme et le Confusianisme en vigueur au Japon. En 804, il part en Chine parfaire son éducation bouddhique auprès du maître Huiguo.

Revenu au Japon après plusieurs années, il est adopté comme le "maître à penser" de toute l'aristocratie de Kyôto. En 819, il construit son plus grand temple sur le mont Kôya ( à 90 km de Kyôto ), à l'abri des fastes de la cour, malgré l'offre de l'Empereur Saga de diriger le temple Tô-ji. Kûkai va composer alors une cinquantaine d'ouvrages religieux sur les dogmes de sa secte Shingon. Il crée également un pèlerinage de 88 temples dans l'île de Shikoku que ses disciples devaient accomplir.

Mais Kûkai s'illustre également dans l'art Japonais. Architecte, peintre, sculpteur et calligraphie éminent. Il invente le système syllabaire des Kanas, et compile le plus ancien dictionnaire du Japon ( Tenrai Banshô Myôgi ). Pour son apport dans tous ces domaines, il est généralement considéré et admiré comme le père de la culture Japonaise classique. Il meurt en 835 au sommet de sa gloire.


SHÔTOKU TAISHI : ( 574-622 )
L'un des hommes politiques les plus importants du Japon avant l'ère de Kyôto. Régent de l'État Japonais, il officialisa le Bouddhisme, religion récente, et promulgua une constitution qui modela la société Japonaise pour des siècles. Né en 574, fils de l'Empereur Yômei, il devint vite entraîné dans la lutte entre les deux grandes familles : les Mononobe ( défendant le Shintoïsme ) et les Soga ( défenseurs du Bouddhisme ).

Après une longue période de lutte, les Soga, que Shôtoku avait soutenus, triomphèrent et avec eux le Bouddhisme. En récompense de son soutien, le jeune Prince Impérial fut nommé régent à l'âge de 19 ans. Fin politique et croyant convaincu, il promulgua le Bouddhisme religion d'Etat l'année suivante. Mais c'est en 604 qu'eut lieu son oeuvre majeure. Il réorganisa la noblesse de Cour en 5 rangs, et promulgua ensuite sa "Constitution en 17 articles". Celle-ci comprenait de nombreux commandements de respect du Bouddha et de la religion.

Partisan ardent d'échanges culturels avec la Chine, il y envoya la première ambassade officielle du Japon. Il adopta également le calendrier chinois, caractérisé par les différentes ères ( Nengô ) pour chaque Empereur. Après 29 ans de pouvoir, il mourut dans son palais d'Ikaruga en 622. Considéré comme un véritable saint par les bouddhistes, il fut considéré comme une réincarnation de la déesse Kannon.


MATSUO BASHÔ : ( 1644-1694 )
Il fut le plus grand poète du Japon, dans l'art si difficile du Haiku, poème très court en 17 syllabes ( trois vers de 5,7,5 syllabes ). Né en 1644, dans la province d'Iga, dans une famille de samouraï, il se sépara de son clan à l'âge de 22 ans pour une raison inconnue. Il se rendit alors à Kyôto pour y étudier l'art de Haiku et du
Waka, sous la direction de Kitamura Kigin. Il y resta 6 ans avant de gagner Edo, la nouvelle capitale du shogunat Tokugawa, et future capitale du Japon. Là, il s'adonna à la peinture, et surtout acquit une véritable maîtrise du Haiku, mêlant le sens du rythme et de la réalité.

Devenu célèbre, il changea son nom de naissance, Matsuo Munefusa, pour celui de Bashô. C'est dans son ermitage, du même nom, que de nombreux disciples vinrent s'instruire auprès de lui et fonder ainsi l'école qui portera son nom " Bashô Juttetsu". Mais Bashô était également un religieux Zen, et il débuta dés 1684 une vie errante qu'il consigna dans des carnets de voyages. Il publia également plusieurs recueils de poèmes ( Minashiguri, Fuyu no Hi, Sumidawara, etc ) rédigés selon les 17 syllabes, évoquant une émotion, une atmosphère ou la beauté des choses.

Au faîte de sa gloire, Bashô se retira pour mourir dans la maison de la poétesse Sono Jo. Il avait 50 ans. Il laissa derrière lui son style très célèbre de Haiku ( Shôfu ), basé sur le sens du Sabi ( simplicité ), du Shiori ( suggestion ) et du Karumi ( sens de l'humour ).


Hojo Masako - Religieuse Bouddhiste

HÔJO MASAKO : ( 1157-1225 )
Epouse du premier Shogun de l'histoire du Japon,
Minamoto no Yoritomo, elle conquit le pouvoir aux dépends de la famille de son époux, en utilisant une nouvelle fonction de régent ( Shikken ). Née en 1157 dans une branche de la famille Taïra, elle fut la fille aînée de Hôjô Tokimasa. A 20 ans, elle épousa Minamoto no Yoritomo qui deviendra Shogun,15 ans plus tard. Elle lui donna plusieurs fils, dont deux seront à leur tour Shogun.

A la mort de son mari, en 1199, elle se fit religieuse bouddhiste. Mais loin de consacrer sa vie à la religion, elle se mit au contraire à remplacer son époux. Son premier fils Minamoto no Yoriee étant devenu Shogun en 1202, elle le jugea incompétent et entreprit de le remplacer. Avec l'aide de son père Hôjô Tokimasa, elle le destitua et le remplaça par son deuxième fils, Minamoto no Sanetomo, en 1203. Puis, son père ayant comploté pour renverser à son tour Sanetomo, Hôjô Masako l'exila et contrôla alors totalement le Bakufu de Kamakura.

Elle installa alors son frère Hôjô Yoshitoki comme régent ( Shikken ) du nouveau Shogun. Se créait ainsi toute une dynastie de Shikken qui allait gouverner le pays à la place des Shogun. En effet, à l'assassinat de Sanetomo, en 1219, Yoshitoki s'appropria tous les pouvoirs, en tant que régent. Hôjô Masako invita alors un jeune noble, Kûjo Yoritsune, à prendre le poste du Shogun, dorénavant vidé de tout responsabilité. Elle mourut en 1225, à l'âge de 68 ans, en ayant changé pour longtemps toute l'organisation du pouvoir politique du Japon.


HONEN : ( 1133-1212 )
Ce moine va changer le cours de la religion bouddhiste en l'amenant à la portée du plus grand nombre. Né dans la province de Mimasaka en 1133, il rentre en religion à l'âge de 15 ans. Son enseignement débute dans la secte Tendaï, l'une des deux plus puissantes du Japon. Il y reste 3 ans, et part ensuite parfaire son enseignement et méditer dans l'un des nombreux temples du mont Hiei.

C'est à 42 ans qu'il pense atteindre la révélation que seule la dévotion à Amida peut sauver les âmes. Il commence donc à prêcher à Kyôto en 1175 sa pratique du Nembutsu et fonde la secte de la Terre Pure ( Jôdo Shû ). Sa popularité est très rapide, car il assure que pour être sauvé, il suffit simplement d'invoquer le nom d'Amida avec la formule " namu Amida butsu". Pour les gens du peuple, cette nouvelle pratique est bien plus accessible que celle des autres sectes dont la méditation transcendantale leur semble hors d'atteinte intellectuellement.

Il obtient un tel succès que la secte Tendaï le perçoit comme une menace. Elle le fait exiler en 1206 sur l'île de Shikoku, et lui fait retirer sa qualité de religieux. Quatre de ses disciples sont même exécutes. Mais il est déjà trop tard, l'enseignement de Honen s'est déjà répandu dans le peuple et continue à progresser. Ce n'est qu'en 1211 que Honen est amnistié et revient à Kyôto. Il meurt l'année suivante au temple Chion-In.


ZEAMI : ( 1363-1443 )
De son vrai nom Kanze Motokiyo, cet acteur va devenir l'un des noms les plus célèbres de la culture Japonaise en posant les bases actuelles du théâtre Nô. A 13 ans, en représentation avec son père, Kan'ami, il est remarqué par le Shogun Ashikaga Yoshimitsu, qui en fait son protégé. Durant plusieurs années, il va s'efforcer de transformer les représentations populaires du théâtre Sarugaku en cérémonies codifiées basées sur l'esthétisme et le raffinement.

Sous sa direction, apparaissent l'ensemble des composantes du théâtre Nô : costumes, masques, musique, gestuelle codifiée. Il écrivit ainsi près de 90 pièces de théâtre, parmi les plus célèbres : Hagoromo, Shunkan,Takasago. Mais c'est surtout son ouvrage de référence, Fûshi Kaden qui le rendit célèbre. Dans ce livre, écrit en exil, il expose l'ensemble des principes du théâtre Nô. Il fait ainsi référence au concept de Yûgen comme base de son enseignement théâtral.

A 59 ans, Zeami choisit d'entrer en religion, passant sa succession à ses deux fils. Malheureusement, l'un après l'autre disparaissent prématurément. C'est son gendre, Komparu Zenchiku, qui reprend les enseignements de Zeami et les fait perdurer. Aujourd'hui encore, les pièces de Zeami sont les plus jouées dans le répertoire du théâtre Nô.


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23 MARS 2003