LES ARTS


(
Si ce symbole apparaît cliquez sur l'illustration pour développer le sujet )

L'ECRITURE :
Elle est pour l'essentiel adaptée de l'écriture idéogrammatique chinoise. Les deux langues étant fortement différentes, les Japonais adaptèrent le système d'écriture chinois en retenant la signification ou la prononciation de chaque Kanji (idéogramme).

Plusieurs lectures apparurent ainsi, monosyllabique chinoise ( lecture ON ) et polysyllabique Japonaise ( lecture kun ). C'est toujours le cas aujourd'hui : les mots avec un seul idéogramme sont lus en lecture Kun, alors que les mots composés de plusieurs Kanjis sont lus en lecture ON.

Afin de traduire les variations grammaticales du Japonais, un alphabet syllabiques ( Hiragana ) a été ajouté aux Kanjis. Ces 75 signes s'ajoutent à un deuxième alphabet utilisé pour transcrire les mots d'origine étrangère ( Katakana ). Il faut connaître environ 1945 Kanjis et les 150 signes des 2 alphabets pour pouvoir lire les journaux au Japon.


Genji Monogatari ("Dit de Genji" )

LA LITTERATURE :
Jusqu'au VIII éme siècle, la littérature Japonaise est exclusivement rédigée en Chinois, langue des lettrés.

C'est en 712 que parait le Kokiji ("Notes sur les événements du passé"), rédigé en Japonais et Chinois. Puis en 720 le "Nihon Shoki" (Chroniques du Japon). Ce dernier retraçait l'histoire du Japon depuis le premier Empereur Jimmu ( 660 avant JC).

Mais c'est avec Kyôto que naît vraiment la littérature Japonaise. Le "Dit de Genji " ( Genji Monogatari ) écrit par une femme, Shikibu Murasaki, vers 980, demeure l'oeuvre maîtresse de toute une époque. Mais l'irruption des Samurais dans la vie du pays rejaillit sur la littérature. Le Heïke Monogatari ( le" Dit des Heïke " ) raconte l'affrontement des Taïra et des Minamoto.


Scéne du "Dit de Genji"

 LA PEINTURE :
La période de Héian va être un véritable âge d'or pour la peinture Japonaise. A la peinture religieuse bouddhique va se substituer les thèmes nationaux et l'usage de la couleur. C'est l'époque du "Yamato-e" qui marque l'émergence de l'authentique peinture Japonaise.

Les thèmes romantiques sont ceux de la période du Genji Monogatari. La finesse et l'esthétisme le plus recherché sont le but de tous les artistes.

"La vague " de Hiroshige Andô

L'arrivée au pouvoir des guerriers au XII ème siècle va modifier toute la peinture Japonaise. Les thèmes de samurai ou de batailles vont dominer toute l'expression. Les peintures sont conservées dans des rouleaux ( Makimono ) que l'on déroule pour suivre l'histoire.

Avec l'arrivée de la paix dans un Japon unifié, le faste des nobles japonais se manifeste avec la peinture sur les Fusuma* des châteaux ou des temples.

Enfin l'Ukiyo-e, tenta de montrer avec parfois humour les portraits des habitants à la manière des images d'Epinal. Mais deux artistes allèrent magnifier cet art populaire : Hokusaï et Hiroshige.


Moine Bouddhiste

 LA SCULPTURE:
La religion domine la sculpture japonaise de l'ère Héian. Le grand Bouddha du Todaï Ji de Nara en est le parfait exemple. Les statues empreintes d'une grande douceur expriment la compassion bouddhique.

L'influence de la Chine, si elle se fait toujours sentir, cède peu à peu la place aux premières oeuvres réellement japonaises.

Comme pour la peinture, l'arrivée au pouvoir des "bushis*" va profondément modifier cet art. Les thèmes profanes deviennent plus précis, les visages beaucoup plus durs. A cette époque apparaissent les premiers masques de Nô* sculptés dans le bois.

 Netsuke

En même temps se développe le courant "Kaikei" qui caractérise le style populaire et guerrier ( Statues "Hachiman" du temple Todai-Ji à Nara.)

A partir de 1500, la sculpture évolue peu, mais devient plus populaire et accessible. Poupées, Netsuke*, Inrô* deviennent une forme d'expression ou la minutie et le sens du détail mettent en valeur la qualité des artistes Japonais.

Mais la peinture et la céramique sont devenus des arts majeurs, et la sculpture japonaise ne connaîtra plus l'âge d'or de la période Héian.


 Waka écrit en hiragana (1150 )

LA POESIE :
La poésie est au coeur de la période Héian*. Les "Waka" ( premiers poèmes d'influence chinoise ) seront à la base des premières recueils poétiques comme le "Kokin-shû"

C'est l'Empereur, lui même, qui encourage la poésie. Celle ci va se développer notamment par les femmes qui vont utiliser les hiragana* pour écrire poèmes et journaux poétiques ( Nikki ). Sous la domination des Fujiwara*, la poésie régne en maîtresse à la cour, tant en chinois qu'en japonais.

Vers 1500, se développe une nouvelle forme de poésie, le Haiku*. C'est Bashô qui sera le plus grand poéte de ce style très ésthétique.


Théatre Nô

 LE THEATRE :
L'une des formes les plus originales et les plus avancées de la culture Japonaise. A ses débuts, intimement lié à la religion Shintô, il s'est ensuite ouvert à d'autres formes d'expressions.

Le Gigaku introduit de Chine en 612 est tombé dans l'oubli. A l'inverse, le Bugaku ( danse de la Cour Impériale de Kyôto ) reste incluse dans la tradition Japonaise. Les interprètes sont vêtus de costumes de la cour des T'ang chinois ou Héian Japonais. Le Sangaku est quant à lui, un ensemble d'artistes divers interprétant un mélange de leurs talents.

 Scéne de kabuki

Ce sont les Kagura qui va être à l'origine d'une forme de théâtre infiniment sophistiqué : le . Théâtre très raffiné dont le poids des connotations et des symboles en font un divertissement intellectuel très prisé par l'aristocratie Japonaise. Cherchant à concentrer l'attention du spectateur sur les émotions des personnages, le Nô dépouille à l'extrême décors et jeux des acteurs pour devenir fondamentalement esthétique.

Au raffinement extrême de ce Nô destiné à la noblesse, le peuple préféra le Kabuki, théâtre populaire et spectaculaire : jeu exagéré des acteurs, effets spéciaux, couleur des costumes. Tout concourt à provoquer rires et pleurs des spectateurs. Particulièrement apprécié par le petit peuple d'Edo, le Kabuki n'est en pas moins devenu un art Japonais à part entière.


LE THEATRE BUNRAKU :
Le théâtre de marionnettes est commun à une partie de l'Asie ( Inde, Java..), mais la forme Japonaise s'enrichit de toute la culture théâtrale pour proposer un spectacle fascinant. Apparu probablement à la période Muromachi ( vers 1500 ) à Kyôto, le spectacle de marionnettes perdit son attrait, un siècle plus tard, à l'apparition du Kabuki, joué par de vrais acteurs.

Mais en 1872, un artiste, Uemura Bunrakuken, s'installa à Osaka et proposa, à nouveau, un spectacle de marionnettes, selon l'ancienne tradition. Ses descendants, s'étant forgé une popularité, construisirent un théâtre pour se produire, le Bunraku-za. Dés lors, cette forme théâtrale redevint célèbre sous le nom de Bunraku.

Sur une scène peu éclairée, un chef de troupe et deux ou trois assistants manipulent les poupées à la main. Tous sont entièrement habillés en noir, y compris le visage, sauf le chef de troupe dont le visage n'est pas recouvert. Les poupées ( Ayatsuri-Ningyô ), de grandes dimensions, se différencient par leur costume et leur visage ( Guerrier, démon, femme, bouffon, etc...). L'accompagnement sonore se compose de récitations de textes ( Jôruri ) et de Shamisen.


 Biwa

 LA MUSIQUE :
Largement inspirée par la Chine à ses débuts, la musique japonaise apparaît à l'époque de Kamakura. L'origine se trouve dans les Kagura ( voir ci-dessus ) qui étaient chantés avec un accompagnement musical.

Mais c'est la musique de la Cour Impériale ( Gagaku ) qui donne le caractère définitivement national à cet art. Le théâtre va,également, développer son propre accompagnement.

Le principal instrument reste le Koto ( harpe japonaise ) qui est présent dans les formes les plus anciennes de Gagaku. l'autre instrument utilisé pour accompagner le chant est le Shamisen (luth à quatre cordes). Il est dérivé du Biwa qui accompagnait les récits et légendes des conteurs Japonais.

 Koto Japonais

Le Shakuhachi est une flûte de bambou à 5 trous associée souvent avec les moines bouddhistes. Enfin le Taïko est un immense tambour utilisé dans les matsuri ( fêtes Japonaises ).

Le ton mineur utilisé par la musique Japonaise lui donne cette impression de tristesse ou de mélancolie qui lui est propre.




 L'ARCHITECTURE :
Elle repose essentiellement sur l'utilisation du bois. Ce qui explique que nombres d'édifices aient disparu, victimes des incendies généralement. L'architecture Japonaise est originale en ce qu'elle intègre toujours la nature dans sa composition, et qu'elle donne beaucoup d'importance à la notion d'espace. Enfin, fait singulier les édifices ne sont pas construit pour durer, mais n'ont de valeur que du vivant de ses créateurs.

On distingue au Japon deux sortes d'architecture pour les temples : Shintô et Bouddhiste. A quoi s'ajoute celle des villas ( Shinden, Shoin ), et celle des chateaux-forts ( Shiro ). L'aménagement intérieur est lui aussi caractéristique. De nombreuses pièces séparées par des cloisons mobiles ( Fusuma ) permettent de faire varier la taille de la salle principale. On y ajoute également des cloisons transparentes de papier ( Shôji ) qui laissent entrer la lumière, mais protègent du regard.

Dès le 15eme siécle les sols furent entièrement recouvert de tatamis dont le nombre servait de référence pour caractériser la pièce. La simplicité de l'aménagement des pièces reflète bien la pensée religieuse et intellectuelle de l'époque, prèchant l'impermanence des choses et la trompeuse impression des apparences.


Jarre d'eau pour le Chanoyu ( 17eme Siécle )

LA POTERIE :
Durant de nombreux siècles, les poteries et céramiques ont été importées de Chine. Cela restera le cas durant toute l'ère Héian. Très prisées pour le thé, les plus belles poteries étaient ainsi conservées très précieusement par les familles nobles.

Durant la période de Kamakura et celle de Muromachi, l'indépendance du Japon face à la Chine se traduit par l'apparition du style Japonais Seto. Bien qu'influencée par les maîtres chinois, la céramique Japonaise développe ses propres caractéristiques ( couleur brune, formes incisées )

Avec l'apparition de la cérémonie du Thé ( Chanoyu* ), les potiers japonais vont développer un style en totale contradiction avec l'art chinois. La simplicité des Raku, bols de thé pour le Chanoyu, contrastent avec les luxueuses céramiques du continent.

Céramique Temmoku blanc ( Epoque Muromachi )


On distingue alors une grande variété de styles à travers l'archipel : le style Raku-yaki ( bols de thé ), le style Shino ( céramiques opaques ), le style Bizen, Tamba et Tokoname ( formes géométriques ).

La véritable porcelaine japonaise apparut à l'époque Edo. Le style Kakiemon se répandit rapidement. Rapidement exportée vers l'Occident, la production Japonaise étaient l'occasion pour beaucoup de peintres célébrés de s'exprimer sur un nouveau support.


p

LA LAQUE :
D'inspiration chinoise, la laque Japonaise va vite devenir un art totalement national, grâce à l'habileté et la patience des artisans Japonais. Surpassant par la qualité les laques des autres pays, les oeuvres de Nara et Kyôto vont rapidement être exportées à travers toute l'Asie.

Dés la période de Nara ( 710-784), les laques sont déjà très répandues et encouragées par le gouvernement lui-même. A l'époque de Héian , c'est la technique du Maki-e qui marque la différence avec les laques chinoises. En mélangeant des poudres d'or ou d'argent dans la pate de la laque, la finesse des compositions devient spectaculaire. Les décors chinois chargés sont alors remplacés par des motifs à la fois plus sobres et plus raffinés.

Avec l'époque Kamakura ( 1185-1333), une grande partie des objets des Nobles Japonais sont dorénavant laqués ( coffres, mirroirs, sabres, etc..). On voit également apparaître les premiers motifs en relief ( Taka maki-e ). Parraléllement les objets religieux atteignent eux aussi une grande finesse. Fonds noirs et rouges sont désormais la norme avec un décor dépouillé ( Mon, feuilles d'arbres...)


L' ére Muromachi ( 1333-1573) et l'ère Momoyama ( 1573-1603) voient un retour aux oeuvres chinoises comme dans l'ensemble de la culture Japonaise. Ceci permet d'importer de nouvelles techniques comme les Chinkin ( Incrustations d'or )

L'époque Edo ( 1603-1868 ) voit la généralisation à une plus grande partie de la population d'objets en laque incrustés de poudre d'or et de nacre ( Inrô, écritoires, peignes ). La décoration s'éloigne alors des critères de sobriété pour se rapprocher de celui des marchands, plus sensibles à une plus riche décoration.


LES WASHI ( Papiers Japonais ) :
Terme général servant à désigner tous types de papiers Japonais faits à la main avec des écorces de mûrier, de gampi, de mitsumata ou de chanvre. Importée de Chine, cette technique est très ancienne. A l'époque de Nara, on compte déjà 200 modèles différents.

Mais c'est à l'époque de Heian ( 794-1185 ) que la technique de fabrication des washis va atteindre son apogée ( danshi, kunjishi, michinokugami..), et donner les papiers les plus raffinés et les plus luxueux. Les utilisations sont nombreuses à cette époque : papiers à lettre, livres, éventails, cloisons transparentes, pochettes, emballage, etc... A l'époque Marunochi et Momoyama, le papier Japonais va même servir à fabriquer des objets de la vie quotidienne ( Jouets, vêtements, chapeau, pochette, boîtes ).

Aujourd'hui la tradition du Washi n'a pas disparu. Concentré dans le nord du Japon ( abondance d'eau froide et pure ), la production de papier Japonais reste encore très importante, signe d'un attachement profond des Japonais à cet art ancestral.


©Kyoto et Le Japon Traditionnel 2000 - 2005
Tous droits réservés
Aucune reproduction partielle ou totale
sans accord écrit de l'auteur.

23 JUIN 2003