OBJETS TRADITIONNELS


ARTISANAT JAPONAIS :
La frontière entre Art et artisanat est très mince au Japon. Chaque discipline ( céramique, peinture, bois , laques, textiles..) a cherché à porter au plus haut niveau ses connaissances pour devenir l'art le plus abouti de la tradition japonaise. Des techniques parfois vieilles de plus d'un millénaire se sont ainsi transmises de générations en générations et furent appliquées religieusement par des apprentis artisans sous l'égide d'un maître ( Sensei ).

Cette tradition de la perfection et de la transmission des connaissances a permis de conserver, aujourd'hui encore, un corps d'artisans très qualifiés dans les domaines les plus variés et dont les travaux provoquent l'admiration des spécialistes du monde entier. Un grand nombre d'entre eux exercent à Kyôto.

Certains artisans ont atteint un tel niveau de connaissances et de pratiques qu'ils sont officiellement reconnus comme des "Trésors Nationaux Vivants". Au nombre d'une centaine, ces Japonais sont l'objet d'une véritable vénération aujourd'hui, même après leur disparition.


MIROIRS JAPONAIS :

Les miroirs furent introduits de Chine dés l'époque Yayoi ( -300 - +300 ap JC ). Il est très probable qu'ils eurent dés le début une utilisation religieuse, car on en trouva de nombreux à l'intérieur des temples. Ce rôle se confirma à l'époque Yamato. Enfouis dans les immenses tombes ( Kofun ) avec les hauts dignitaires, ils étaient le symbole de l'autorité et étaient transmis de générations en générations. Cette valeur se transmis ensuite à la religion Shintô au plus haut sommet. Le miroir ( Yata no Kagami ) est, en effet, l'un des trois symboles de la famille Impériale, conservé sans relâche au temple d'Ise.

Les miroirs Japonais étaient presque tous ronds, et enveloppés dans un support en bronze dont la face arrière était décorée. Les motifs déterminaient la catégorie des miroirs : décors de divinités ( Khishin Kyô ), d'animaux ( Shinjû-Kyô ), d'animaux marins ( Kaijû-Kyô ) ou de maisons ( Kaokumon-Kyô ). La forme également était importante : la majorité des miroirs étaient sans manche, avec un trou central pour pouvoir y attacher un cordon de transport. Mais les plus beaux exemplaires possédaient un manche délicatement travaillé. Le plus grand raffinement était les Oni-Kagami. Ceux-ci possédaient une face polie si travaillée, qu'une lumière incidente ou une buée faisait apparaître des dessins sur la glace.



LES LANTERNES :
Les lanternes ( Ishi Doro ) furent introduites au Japon à l'époque de Nara. Elles provenaient de Chine où elles étaient largement utilisées. Leur but initial était d'éclairer les fidèles des temples et des sanctuaires lors des cérémonies religieuses nocturnes. Mais à côté de cet aspect strictement utilitaire, on les disposait également aux endroits importants, afin de symboliser la présence divine dans l'enceinte du temple.

Ces lanternes étaient réalisées en métal, et souvent installées sur un piédestal en pierre. Mais assez rapidement, l'utilisation de la pierre, plus pérenne que le métal va commencer à s'imposer dans les temples Japonais. Hautes de 2 mètres à 2 mètres 50 en général, elles pouvaient atteindre 5 mètres ou plus dans les plus grands sanctuaires du Japon.

C'est vers 1580 que l'usage des lanternes en pierre dans les jardins Japonais va se généraliser, sous l'influence de Sen no Rikyu. Celui ci les inclut dans les jardins concus pour la Cérémonie du Thé. En effet le Chanoyu se pratiquait souvent en fin de journée, et la lanterne de pierre servait à guider les invités.

On peut distinguer 3 grands types de lanternes de pierre. Les lanternes avec piédestal ( Tachi Gata ) sont les plus connues. Elles se trouvent dans tous les édifices religieux. Les lanternes sans piédestal, beaucoup plus petites ( 60 cm ) sont principalement destinées aux jardins. Enfin, les lanternes en formes de pagodes à étages sont utilisées très rarement dans des compositions de jardins de type Chashistu.


LES EVENTAILS ( Sensu ) :
Voici l'objet le plus universel de la civilisation Japonaise. Utilisés depuis des temps très anciens, l'éventail a toujours joué un rôle symbolique en plus de son aspect purement utilitaire. Particulièrement apprécié dans un pays où la chaleur de l'été devient rapidement étouffante, l'éventail va rapidement prendre une connotation sociale importante, et également d'expression artistique.

On distingue deux types d'éventails. Ceux qui ne sont pas pliants ( Uchiwa ) et qui affectent des formes rondes, ou en formes d'ailes de papillons, sont les plus anciens. A l'époque Heian, leur surface servait à tracer un poème ou une calligraphie élégante à un soupirant. De nombreux peintres s'en servaient également comme support. Leur fonction servira également aux généraux qui, à l'aide de leur Gumpai en métal, dirigeaient leurs troupes. C'est le même modèle qu'utilisent, encore aujourd'hui, les arbitres de Sumo.

Les éventails pliants ( Ôgi ) sont les plus connus et les plus recherchés. A l'origine, utilisés seulement par les hommes, ils devinrent vite de plus en plus sophistiqués et la parure indispensable des femmes de l'aristocratie civile et militaires. Puis ils se répandirent rapidement à toute la population et à tous les métiers. En 1701, le Shogunat dut même éditer un un édit pour limiter l'achat d'éventails trop coûteux. Les plus éventails sont aujourd'hui fabriqués à Kyôto.


LES INRÔS :
A partir d'un objet utilitaire, les artisans Japonais ont élaboré au fil des siècles une véritable oeuvre d'art de miniaturisation et de précision. Les kimonos japonais n'ayant pas de poches réelles ( excepté le fond des manches ), il était difficile de transporter son sceau personnel ( Hanko ) ou ses médicaments ( Kosuri ).

Au XVII éme siècle, l'usage des Inrôs se répandit. Ces petites boites formées de plusieurs compartiments verticaux étaient fixées à la ceinture ( Obi ) par un cordonnet qui assurait en même temps la rigidité de l'ensemble. Réalisés en bois laqué, les Inrôs devinrent de plus en plus sophistiqués au fil du temps. Incrustés de nacre ou doré à l'or fin, ils devinrent un accessoire indispensable affirmant le niveau social de son propriétaire.

Les plus beaux Inrôs furent produits par deux familles : les Kajikawa et les Koma. Ils sont caractérisés par deux éléments très décorés et très recherchés : le Ojime, bouton passé dans le cordonnet qui permet de tenir serré les compartiments du Inrô et le Netsuke qui servait à accrocher le cordonnet dans le Obi ( ceinture ). Ces Inrôs sont aujourd'hui conservés dans des musées et ont une valeur inestimable.


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15 JUILLET 2004